Les villes mondes sont toutes aujourd’hui confrontées à des dérèglements climatiques d’envergure (crues, pics de pollution, réchauffement) et nos ressources vitales en sont directement impactées. Notre proposition s’inscrit dans ce contexte global. Elle interroge la question du climat et de la préservation des ressources. Elle découle d’une double volonté : proposer une respiration dans l’espace public et régénérer des éléments du déjà-là. En venant greffer des dispositifs expérimentaux à un petit patrimoine architectural tombé en désuétude, nos Haltes climatiques visent à tester de façon ludique et poétique les modifications possibles de l’ambiance d’un lieu à une échelle micro-locale.

Halte climatique

Le concept de Halte climatique part d’une rêverie, d’une fiction admettant l’existence de petits oasis au coeur de Paris. Inscrits dans ce milieu urbain dense, nous avons imaginé des lieux inédits, presque secrets, comme des petits paradis, des folies. On vient s‘y rafraichir en été en plongeant dans un nuage. On se love en hiver sur des assises en céramique tiède, entourés de plantes rares. On médite au bord d’une cascade ou d’une fontaine moussue, protégé des bruits de la ville, et l’on s’émerveille en voyant la pluie sous un abri quand il fait beau dehors. Le temps s’y suspend, dans une autre réalité, légèrement modifiée. Ce sont des lieux que l’on vient voir et surtout habiter, des lieux qui existent par l’action et l’interaction de ses occupants. Des dispositifs climatiques activés par le jeu, par la présence humaine. Ils sont comme une respiration, indispensable à la vie.

Ressource du « déjà-là » architectural

Oasis rêvés, ces lieux existent presque. A Paris où chaque mètre carré est programmé, nous avons trouvé quelques iles perdues, constructions oubliées, obsolètes à la beauté inutile. Du kiosque à musique à l’édicule d’entrée de square, c’est toute une gamme de petites constructions, autant de pépites architecturales à réveiller et habiter de nouveau. Par la greffe des dispositifs climatiques et l’addition de nouveaux usages et de nouveaux programmes, nous ré-enchantons ces lieux.

Ressource de l’eau

L’eau, nécessaire aux dispositifs de climatisation (chaud et froid) viendra du réseau d’eau non potable de la Ville de Paris. Ce réseau existant, formidable « déjà là » de la ville, produit environ 200 000 m³/jour et est sous- utilisé. Notre projet s’inscrira dans la dynamique initiée par Eau de Paris pour la valorisation et les usages de l’eau non potable.

Dispositifs

Au-delà de leur caractère ludique et poétique, les dispositifs créés pour la transformation des lieux, possèderont de réelles performances climatiques (de l’ordre de -3° à -7°C en été et de +5 à +15°C en hiver) ; Nous utiliserons des procédés et matériaux dont les performances sont reconnues. Nous trouverons l’inspiration dans les serres agricoles (régulation de l’hygrométrie, de la température, brumisation), ou dans des matériaux industriels aux performances thermiques intéressantes (inertie de la céramique d’isolateurs électriques par exemple). L’objectif étant d’utiliser des dispositifs minimaux et, à la façon d’un ready-made, de proposer des systèmes reproductibles et facilement adaptables. Ainsi, les haltes climatiques pourront être activées de façon pérennes ou temporaires, déplacées, regroupées, combinées.

Posture

Venir investir ces lieux c’est FAIRE la ville par sédimentation, accroches et greffes tout en proposant un projet innovant. Par ce processus, et au-delà de la question essentielle du réemploi et des enjeux écologiques et économiques qui en découlent, nous souhaitons éviter d’ajouter de nouveaux objets dans un espace urbain déjà très investi et encombré.

FAIRE 2018 DESIGN URBAIN

Lieu : Paris

Équipe : grue. / studio Grégory Lacoua / Le sommer environnement

Maîtrise d’ouvrage : Pavillon de l’Arsenal, Ville de Paris

Années : 2018

crédit images : grue / studio Grégory Lacoua